L’apprentissage en perte de vitesse : mon intervention dans « 24H Sénat »

André Reichardt 24H Sénat 16-07-14Dans son allocution du 14 juillet, le président de la République François HOLLANDE a annoncé qu’il présiderait à la rentrée une réunion pour « lever tous les obstacles » à l’apprentissage.

Ardent défenseur de l’apprentissage, j’ai été invité mercredi sur le plateau de la chaîne de télévision Public Sénat, afin de donner mon point de vue sur la situation actuelle de l’apprentissage en France.

J’ai fait état de ses grandes inquiétudes concernant l’évolution catastrophique que connaît le nombre de contrats d’apprentissage depuis la rentrée dernière. J’ai cité l’exemple de l’Alsace, où les chiffres sont pourtant bien meilleurs qu’au niveau national en raison de l’attachement de l’Alsace à ce mode de formation, mais où les nouveaux contrats d’apprentissage sont tout de même en retrait de -8,1% entre 2012 et 2013 (-9,4% au niveau national et -14% depuis janvier 2014!).

Selon moi, « cette baisse de l’apprentissage n’est pas le fruit du hasard ». Elle est le résultat de mesures inappropriées et de trop nombreuses incertitudes.

« La principale cause de cette baisse est la modification du régime des primes aux employeurs. Le Gouvernement a décidé la suppression de l’indemnité compensatrice forfaitaire (ICF) de manière dégressive à compter de 2014 et la création d’une prime à l’apprentissage pour les entreprises de 10 salariés et moins, et pour un an seulement. Or la moitié des entreprises alsaciennes qui accueillent des apprentis ont plus de 10 salariés… Les conséquences sont donc désastreuses ; les campagnes de recrutement pour la rentrée prochaine sont très difficiles.

Au 1er janvier 2014, le budget national alloué à l’apprentissage a été ainsi réduit de 20%, passant de 2,8 à 2,3 milliard d’euros. »

A maintes reprises, j’avais alerté le gouvernement sur la réduction drastique des moyens affectés par l’Etat à l’apprentissage. « Il est trop simple de tout déléguer aux régions, qui n’ont pas les moyens financiers de se substituer à l’Etat ! »

L’aide « supplémentaire » de 200 millions d’euros, annoncée par le Premier ministre lors de la conférence sociale des 7 et 8 juillet, ne peut être satisfaisante puisqu’elle ne comble que partiellement la suppression des 500 millions d’euros d’aides décidée l’année dernière !

« Enfin, un autre frein au développement de l’apprentissage réside en une certaine forme de concurrence avec les emplois d’avenir. Ceux-ci sont pourtant très différents : l’apprentissage est une voie de formation initiale, or les contrats aidés sont des outils pour le traitement social du chômage. Le premier donne une qualification professionnelle, alors que le second donne certes un emploi mais payé par l’Etat et à durée déterminée. Il est donc évident que l’apprentissage est éminemment plus utile. Mais la concurrence est bien là : à titre d’exemple, nous constatons une baisse de plus de 56% des effectifs d’apprentis en CAP Petite Enfance à Strasbourg et Sélestat, or près d’une centaine d’emplois d’avenir ont été signés en Alsace dans le secteur de l’assistance auprès d’enfants ».

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin

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Pour voir la vidéo de l’émission:

Etat – Région : Faut-il passer par la «casse» pour être entendu ?

 Bonnets rouges Bretagne

Aussi compréhensibles soient-elles, les colères sociales bretonnes ont provoqué des dégâts collatéraux forts et couteux  pour la collectivité »: casse, destruction de radars, incendies de portiques, affrontements.

Cette « mobilisation » agressive est aujourd’hui récompensée par un Pacte d’avenir pour la Bretagne, 88 pages d’engagements et deux milliards d’aides. Est-ce cela la voie à suivre ?

Les Alsaciens doivent-ils sortir dans la rue pour se faire entendre par Paris ?

Tant mieux pour les Bretons, mais qu’en est-il des autres régions, dont l’Alsace.

Maltraitée par Paris et sa technostructure, oubliée par un gouvernement qui semble la punir pour ses choix électoraux, l’Alsace doit-elle tout casser pour être reconnue ? Les Alsaciens doivent-ils sortir dans la rue ?

La question mérite d’être aujourd’hui légitimement posée tant l’Etat se devrait d’investir aujourd’hui dans une région phare tournée vers l’Europe et le monde.

Il est temps de conforter les efforts importants des collectivités locales, région et départements, qui vont souvent au-delà de leurs compétences pour faire avancer l’Alsace et investir durablement.

Il est temps pour le Gouvernement de proposer un pacte d’avenir pour l’ensemble des régions :

–           à moins que dans le domaine économique aussi, il ne tente de diviser les Français sur l’autel d’ambitions électorales.

–          à moins qu’il n’en soit incapable et qu’il préfère mener le pays dans le mur économique et dans l’affrontement social.

Une fois encore et dans ce domaine aussi, la question se pose, avec la gauche faut-il être un casseur pour être entendu et reconnu ?

 

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin, 1er Vice-Président de la Région Alsace

Projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaires

Economie

Le Sénat a examiné cette semaine un projet de loi ayant pour objet principal de séparer les activités bancaires de détail, des activités spéculatives.

Le texte renforce, par ailleurs, la régulation bancaire, crée des obligations de transparence partielle sur les activités bancaires dans tous les pays, renforce le pouvoir de l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP) pour intervenir en cas de crise bancaire et entend protéger le consommateur, notamment en plafonnant certains frais bancaires.

Je me suis opposé à une séparation stricte des activités bancaires de détail et des activités spéculatives telle qu’elle apparaissait dans un certain nombre d’amendements au texte, et a expliqué son raisonnement.

Selon moi, « Si la proposition d’une séparation stricte entre les activités de banque de détail et les activités spéculatives peut sembler séduisante, les excès du marché et de la spéculation s’étant avérés réels dans le passé, il ne faut pas non plus jeter l’opprobre sur toute activité de spéculation.

La part de la spéculation dans l’origine des revenus des banques demeure en fait faible : pour les grandes banques françaises qui ont le plus d’activités de marché, cela correspond à 20% tout au plus.

L’essentiel des revenus provient toujours de la banque de détail et notamment des prêts. Or ceux-ci, malheureusement, se réduisent, notamment du fait de la conjoncture économique et à cause des ratios de liquidités imposées aux établissements bancaires.

Les activités de marché deviennent donc d’autant plus stratégiques, pour financer l’économie.

La séparation stricte poserait aussi le problème de la rentabilité des banques de dépôt qui, en abandonnant les activités à risque fortement rémunératrices, seraient rémunérées uniquement par la différence entre taux prêteur et taux emprunteur.

Il y aurait également un risque subséquent d’augmentation du prix des services bancaires.

En outre, n’oublions pas que les marchés ne sont plus ce qu’ils étaient dans les années 1930, au moment du Glass-Steagall Act : nous sommes aujourd’hui dans des marchés mondiaux sur lesquels des masses importantes d’épargne financent les dettes des pays.

C’est pourquoi la solution proposée, de filialiser les activités de spéculation pour compte propre, apparaît comme une solution plus équilibrée.
André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin

Augmentation du prix du blé : j’ai interrogé le Gouvernement sur les difficultés des entreprises alimentaires

 

J’ai interpellé Monsieur Pierre MOSCOVICI, Ministre de l’Economie et des Finances, sur les inquiétudes des entreprises alimentaires, face à l’augmentation du prix du blé de près d’un tiers depuis le début de l’année 2012.

Ces entreprises sont confrontées à une double difficulté : celle de devoir payer leurs fournisseurs à la livraison de la matière première alors que leurs clients les paient, au mieux, à 30 ou 60 jours fin de mois, et ce sans avoir pu répercuter la hausse de leur matière première principale. Leur trésorerie en est très lourdement mise à mal, certaines entreprises sont d’ores et déjà étranglées.

J’avais soutenu la demande d’organisation d’une réunion de crise, réunissant les autorités ad hoc, les représentants des industriels et ceux de la grande distribution.

Cette réunion a eu lieu le 21 novembre dernier et une mission conjointe de l’Inspection générale des finances et du Conseil général de l’Agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux expertisera les pistes d’évolution du cadre juridique existant et rendra ses conclusions dans 3 mois afin qu’elles puissent le cas échéant être reprises dans le projet de loi relatif à la consommation et dans le projet de loi d’avenir de l’agriculture.

Selon le Ministre de l’Economie, « Les difficultés viennent davantage du déséquilibre des rapports de forces économiques entre entreprises et des abus qui peuvent en résulter, que des termes même de la loi LME. Cette loi autorise certes la libre négociation des tarifs mais elle prévoit aussi en contrepartie la possibilité pour les entreprises et pour le ministre en charge de l’économie de faire sanctionner les abus par le juge. » Il a insisté sur ce point : « je n’hésiterai pas à saisir le juge afin que des distributeurs qui auraient indument refusé d’inclure au contrat ou, le cas échéant, de mettre en œuvre, une clause de révision du prix soient condamnés. »

Le Gouvernement a indiqué qu’il proposerait au législateur des ajustements normatifs afin de renforcer le dispositif de sanctions des pratiques abusives en matière de convention unique et de délais de paiement, afin de rendre celles-ci plus rapides et plus dissuasives ».

Je resterai très attentif à la réalisation de ces promesses.

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin