Attentats à Bruxelles : mon itw sur i24News

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Attentats à Bruxelles :

En tant que co-président de la Commission d’enquête sur l’organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes, j’ai été interviewé par Paul Amar mardi 22 mars sur i24News, en compagnie d’Olivier Rafowicz, colonel de réserve de Tsahal.

Lien pour voir la vidéo : http://www.i24news.tv/fr/actu/international/107080-160322-il-faut-un-changement-radical-d-etat-d-esprit-des-politiques-rafowicz 


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André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin

Antiterrorisme : ma réaction à la décision des ministres de l’Intérieur européens de renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l’Espace Schengen.

Europe

En tant que vice-président de la commission des affaires européennes du Sénat, en charge de l’Espace Schengen, j’ai réagi à la décision des Ministres de l’Intérieur des pays de l’Union européenne, réunis hier, de renforcer à partir de juin prochain les contrôles aux frontières extérieures de l’Espace Schengen.

Je mets félicite de cette décision mais émet cependant plusieurs observations :

  • Tout d’abord, cette décision devrait selon moi s’appliquer au plus vite sans attendre le mois de juin, compte tenu de l’urgence du renforcement des contrôles.
  • Ce contrôle doit concerner non seulement la véracité des documents d’identité présentés mais aussi le contrôle des personnes avec la réalisation de tests biométriques et de relevés ADN.
  • Ces contrôles doivent concerner à terme tous ceux qui entrent et sortent de l’Espace Schengen, y compris les titulaires d’un passeport de l’Union européenne, même si cela aura pour conséquence une perte de temps pour les passagers à l’entrée et à la sortie des postes-frontières. Les exigences du moment nécessitent de privilégier la sécurité.
  • Les contrôles doivent être effectués aux frontières terrestres, dans les aéroports mais aussi dans les ports.
  • Concernant les aéroports, il est nécessaire de mettre en œuvre un PNR européen au plus vite, sans attendre la fin de l’année comme l’a indiqué Bernard CAZENEUVE.

 

Toutes ces différentes propositions devraient figurer dans le projet de proposition de résolution européenne qui sera examiné le 18 mars prochain par la commission des affaires européennes, le 24 mars par la commission des lois et en séance au Sénat le 1er avril.

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin

Antiterrorisme à l’américaine

Andre Rreichardt photo-michel-frison-dna

Je reviens d’un voyage aux États-Unis avec plusieurs membres de la commission d’enquête du Sénat sur la lutte contre les réseaux djihadistes, dont je suis coprésident.

Voici l’interview que j’ai accordée aux Dernières Nouvelles d’Alsace :

 

Quels enseignements tirez-vous de ce déplacement ?

Les Américains ont, dans la lutte contre le terrorisme, une antériorité sur nous : ils restent obnubilés par le 11-Septembre. En quinze ans, ils ont travaillé. Nous avons été frappés par l’extrême professionnalisation de la lutte contre le terrorisme et le souci de la concilier avec le premier amendement de leur Constitution – sur les libertés publiques.

Comment se manifeste ce souci d’équilibre ?

Les autorités que nous avons rencontrées à Washington, au Centre national de lutte contre le terrorisme, au Congrès, à la CIA – où nous avons été reçus par le directeur, John Brennan – au FBI, etc. nous ont toutes décrit le rôle essentiel du juge pour autoriser au préalable toute intervention. La forme est respectée, l’esprit l’est-il ?

Vous parliez d’extrême professionnalisation ?

Quelques exemples. La surveillance des sites sensibles d’Internet est faite par une armada de spécialistes. Ils ont des fichiers sur tout – notamment ethniques – et les croisent. Leurs services travaillent par task-forces, pour éviter tout cloisonnement, toute compétition.

Comment repèrent-ils les personnes tentées par le djihadisme ?

Ils entretiennent un dialogue avec les communautés – et le communautarisme est normal à leurs yeux. Quand il y a risque de radicalisation, ils mettent les dirigeants de la communauté face à leurs responsabilités. Et ça marche, disent-ils. Les parlementaires que nous avons vus le disent crûment, par exemple Pete King (républicain, New York) qui préside le sous-comité sur le terrorisme : « À la communauté musulmane, je dis : vous êtes surveillés. Rien ne vous sera pardonné. Si vous bougez une oreille, je m’en occupe ! »

Et par rapport aux prisons ?

Ils condamnent très lourdement et isolent les terroristes, sans état d’âme, dans des pénitenciers fédéraux spéciaux, sous contrôle très strict. « C’est un cancer », nous ont-ils dit. « Il n’y aura pas de récidive, nous ont-ils dit, puisqu’ils ne sortent pas ! » Ils en ont 330, sur plus de 2 millions de détenus, mais les surveillent comme le lait sur le feu.

Comment réagissent-ils si des jeunes partent faire le djihad à l’étranger ?

S’ils partent, ils ne rentrent plus jamais aux États-Unis. Un avion qui les aurait à son bord ne peut même pas les survoler ! Ils ne comprennent pas notre politique pour les empêcher de partir.

Et ceux qui veulent agir sur le sol américain ?

On nous a donné des exemples. Une personne qui se radicalise, quand sa communauté ne peut rien faire, va être surveillée. On apprend ses éventuels projets d’attentat, on l’y pousse même. Et quand elle prend sa voiture pour commettre l’attentat, on l’arrête ! Elle n’a rien fait, mais elle allait le faire !

On évoque souvent le Patriot Act – la loi antiterroriste de 2001 – comme liberticide…

Nous avons rencontré l’un des deux parlementaires qui avaient voté contre, le sénateur démocrate du Connecticut, Christopher Murphy. Il nous a dit : « Le Patriot Act a évité des attentats ».

Tout cela n’est pas transposable ?

La société n’est pas la même, la communauté musulmane non plus. En France, impossible de tenir le même discours face à des communautés. Tout n’est pas transposable. Mais j’ai constaté l’efficacité de leur façon de faire, et je constate que rares sont ceux qui pensent là-bas que cela est préjudiciable aux libertés publiques.

 

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin