Déplacements au Turkménistan et en Azerbaïdjan

Turkménistan amitiéJe suis en déplacement au Turkménistan depuis le début de la semaine, dans le cadre du groupe d’amitié « Asie centrale » du Sénat, dont je suis vice-président.

Le groupe d’amitié y a rencontré ses homologues parlementaires ainsi que quelques ministres et des représentants d’entreprises françaises installées dans le pays.

Le groupe d’amitié ne s’y était pas rendu depuis plus de 10 ans, et ce voyage fait suite au rétablissement, depuis quelques années, des relations diplomatiques entre la France et le Turkménistan, pays à fort potentiel économique :

Pour deux exemples récents :

  • En mars 2013, M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères, s’est rendu au Turkménistan avec une délégation d’entreprises pour diverses rencontres, notamment dans le domaine énergétique.
  • Rachid Meredov, vice-1er ministre et Ministre des Affaires étrangères Turkmène, s’est rendu en France en juillet 2015.

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AzerbaidjanA la fin de ce déplacement, je rejoindrai une délégation d’alsaciens en Azerbaïdjan où seront évoquées plus particulièrement :

  • L’entente interreligieuse dans ce pays à forte composante musulmane,
  • Le développement économique du secteur de l’agro-alimentaire,
  • Le développement touristique tout autant de l’Azerbaïdjan vers l’Alsace que de l’Alsace vers l’Azerbaïdjan.

 

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin

50 ans du Traité de l’Elysée : mon témoignage sur les relations franco-allemandes

Dans le cadre des 50 ans de la signature du Traité de l’Elysée entre la France du Général de Gaulle et l’Allemagne du Chancelier Adenauer, je suis intervenu lors d’un colloque organisé par l’Amicale Gaulliste du Sénat, intitulé « De Gaulle, les Gaullistes et l’Allemagne ». Voici mon témoignage d’élu gaulliste alsacien sur l’amitié et la coopération franco-allemandes:

Je peux témoigner, en qualité d’Alsacien, né 4 ans après la fin de la guerre dans une bourgade frontalière, Wissembourg, où les plaies de l’annexion et de l’incorporation de force des jeunes dans l’armée allemande étaient encore très vives, et désormais en qualité d’élu de la République, engagé depuis près de 15 ans dans la coopération transfrontalière avec l’Allemagne.

Toute ma vie, si je peux me permettre, m’a amené à être un témoin, puis un acteur de cette réconciliation franco-allemande, thème de nos rencontres ce jour.

J’avais 13ans lors de la signature du traité de l’Elysée et je suis bien obligé de dire que je n’en ai gardé aucun souvenir. Par contre, ce dont je me souviens bien, c’est de la grande réserve, pour ne pas dire plus, que dans mon village la population avait vis-à-vis des Allemands, en particulier ceux qui venaient en Alsace dans mon jeune âge.

Ce dont je me souviens aussi, c’est de l’admiration, pour ne pas dire plus, que cette même population avait pour le général De Gaulle. Dans ma famille, on lui vouait un culte d’autant plus grand que dans l’arrondissement « régnait » un député de son parti et que celui-ci, chargé de la reconstruction après la guerre, ne manquait pas de rendre moult services aux habitants des différents villages meurtris par la guerre. Quelles ont été dès lors les réactions des Alsaciens lors de la signature du traité de l’Elysée, je vous l’ai dit, je n’en ai aucun souvenir. Mais progressivement, au fil du temps en observant puis participant à la chose publique, j’ai bien vu qu’entre l’engouement étatique dans la réconciliation franco-allemande et la réconciliation véritable des populations de part et d’autre du Rhin, il y eut un espace, à tout le moins en Alsace. La volonté du Président De Gaulle, des préfets de la République et des gaullistes élus dans la région avait malgré tout du mal à occulter les ressentiments profonds de la population.

Il y eut certes

–     la signature des premiers jumelages entre communes de part et d’autre du Rhin

–     le développement de l’emploi frontalier vers l’Allemagne (de plus en plus organisé, pour des raisons purement économiques liées à la différence de valeur entre le franc et le mark)

–     l’arrivée de plus en plus massive de citoyens allemands en Alsace (notamment dans nos grandes surfaces et nos restaurants) etc.

Mais globalement l’adhésion à cet engagement de réconciliation restait faible.

L’heure est alors venue de la mise en œuvre du premier instrument de coopération transfrontalière, il y a 35 ans : la Conférence du Rhin supérieur.

1)      On est loin ici de la réconciliation franco-allemande. On parle de coopération transfrontalière. La recherche ici, ce sont les actions communes (qui ne se réalisent pas encore).

2)      On y associe les Suisses, soit les cantons du nord-ouest de la Suisse.

3)      Ce sont les autorités des 3 Etats qui se réunissent.

20 ans après, les résultats sont peu nombreux ; les élus créent un 2eme instrument de coopération transfrontalière : le Conseil Rhénan (qui va fêter ses 15 ans d’âge).

Les deux outils font à peu près les mêmes actions.

Puis, un 3e outil : la Région Métropolitaine du Rhin Supérieur, avec 4 piliers : le pilier institutionnel, le pilier économique, le pilier sciences et le pilier société civile.

Cette Région Métropolitaine du Rhin Supérieur a été portée sur les fonts baptismaux en décembre 2010, avec comme objectif de fédérer les diverses initiatives, de dépasser les éventuels clivages entre autorités étatiques et élus locaux et surtout d’associer au maximum les différents partenaires. Après 2 ans de fonctionnement, force est de constater que si le pilier sciences progresse plutôt bien (avec une initiative complémentaire à EUCOR, Offensive Sciences – appel d’offres transfrontalier), le pilier économique et surtout le pilier société civile avancent moins vite que souhaité. Sur ce dernier pilier, des forums citoyens ont été organisés dans chaque pays, mais ils n’ont réuni que peu de citoyens et les projets sont plutôt « institutionnels ».

Plénière Conférence du Rhin Supérieur à Strasbourg

Et pourtant, il faut se rappeler que parallèlement à cette « réconciliation franco-allemande », s’est bien entendu construite l’Europe et que celle-ci met différents instruments financiers à disposition des projets (notamment le fonds Interreg). Il en est d’ailleurs un peu de même d’une autre instance qui s’est mise en place il y a 6-7 ans sur le plan plus local : l’Eurodistrict de Strasbourg-Ortenau, l’Ortenau étant un bassin de vie en face de Strasbourg, de l’autre côté du Rhin (qui est un GECT ; groupement européen de coopération territoriale). Là aussi, au-delà des intentions de collaboration louables, peu de véritables actions communes voient réellement le jour et on voit bien les difficultés à les faire prospérer.

En conclusion, en qualité d’observateur mais aussi d’acteur des relations franco-allemandes en Alsace, j’ai envie de vous dire ceci :

–          La réconciliation franco-allemande est naturellement consommée.

–          Les élus alsaciens, gaullistes ou non, sont persuadés que c’est dans le couple franco-allemand que se trouve l’essor de l’Europe. A mon sens, les élus allemands de l’autre côté du Rhin sont du même avis. Encore que, vous le savez peut-être, la ville de Karlsruhe s’est donné un nouveau maire tout récemment ; le candidat SPD qui a été élu à 48 ans n’a jamais dans sa campagne parlé de coopération transfrontalière et a même distingué dans son programme le trop plein de structures de coopération régionale dans le Rhin Supérieur.

–          Les populations ont encore du travail à faire pour pouvoir vivre cette amitié franco-allemande au quotidien (l’apprentissage de la langue du voisin n’étant pas le moindre des challenges). Sans même parler du risque de décrochage des opinions publiques à l’égard des politiques ou des autorités publiques.

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin