Le 25 février 2013, après avoir été notamment sollicité par le Président de l’Association des Producteurs Audiovisuels d’Alsace, j’ai adressé un courrier à Mme Aurélie FILIPPETTI, Ministre de la Culture et de la Communication, au sujet du projet de réforme de la chaîne publique France 3 et la révision du contrat d’objectifs et de moyens de France Télévision, qui pouvaient constituer un excellent tremplin vers une régionalisation des programmes et un enjeu majeur d’aménagement du territoire en terme économique et culturel.
Actuellement, on constate en effet un hyper-centralisme de la production audio-visuelle en France où 80 % de l’activité, l’ensemble des télévisions nationales et des institutions de tutelle (CNC, INA, CAS) sont ancrés à Paris. Ce phénomène est unique en Europe et s’est encore renforcé ces dernières années.
Le territoire provincial est pourtant maillé de 24 stations régionales de France 3, de près d’une centaines de chaînes de télévisions locales et d’un ensemble de fonds de soutien à la production. Mais la création en régions compte aussi des dizaines de sociétés de production reconnues qui s’appuient sur les auteurs, des réalisateurs, des comédiens et des équipes techniques. Le potentiel régional est considérable : documentaires, films et séries d’animation, captations de spectacles, courts et longs métrages, fictions TV se tournent tous les jours sur l’ensemble du territoire.
Cependant, France 3, la « chaîne des régions » selon le vocabulaire en vigueur à Paris, ne consacre que très peu d’heures aux programmes régionaux, limités aux 20 minutes de décrochages quotidiens pour le journal d’informations et la météo et à deux heures de documentaires et magazines le samedi après-midi, soit 15 heures hebdomadaires et moins de 10 % de son temps d’antenne !
Les revendications des professionnels de l’audiovisuel, et notamment de l’Association des Producteurs Audiovisuels d’Alsace qui m’a sollicité, existent depuis longtemps pour accroître le temps d’antenne et les moyens financiers des stations régionales de France 3. Elles consistent en la mise en place d’une politique active de décentralisation audiovisuelle de la part de France Télévision s’appuyant sur le développement d’une télévision publique régionale dotée de moyens de production et d’espaces de diffusion correspondant à la réalité et aux richesses des territoires dans lesquels elle est implantée.
Dans sa réponse du 28 février 2014, Mme FILIPPETTI m’a indiqué qu’elle partage avec moi le souhait que France 3 prenne toute sa place dans le paysage audiovisuel, et ceci particulièrement dans sa dimension régionale et m’a informé qu’à ce titre, elle a confié fin novembre 2013 une mission sur l’avenir de l’offre régionale et locale de France 3 à Mme Anne BRUCY, ancienne directrice de France Bleu et de France 3 Nord – Pas-de-Calais / Picardie.
Cette mission a pour rôle d’examiner plusieurs scénarios de réforme et d’en préciser les enjeux et les modalités de mise en œuvre, tout en tenant compte du contexte financier contraint de France Télévisions.
Mme BRUCY associe à ses travaux un comité de suivi constitué de parlementaires, de représentants de France Télévisions et de personnalités désignées respectivement par le Ministère de la Culture et de la Communication et le Ministère de l’Economie et des Finances, et devra remettre à Mme FILIPETTI les conclusions de ses réflexions en avril 2014.
Dans ce cadre, il m’a été proposé d’être auditionné par Mme BRUCY afin qu’elle puisse bénéficier de mon point de vue sur la situation et les perspectives de France 3. J’ai bien évidemment accepté cette proposition et demande à être auditionné très rapidement.
André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin