Cette semaine, j’ai eu l’occasion de me rendre au Maroc dans le cadre de la mission d’information sur l’Islam en France *, dont je suis co-rapporteur.
Ce déplacement avait pour but d’aller à la rencontre des autorités civiles et religieuses du pays, acteurs majeurs de l’Islam au Maroc, et d’évoquer tant le fonctionnement de l’Islam sur place que les interactions pouvant exister entre l’Islam de France et celui du Maroc.
Un premier entretien s’est tenu avec M. Ahmed ABBADI, Secrétaire général de la Ligue des Oulémas (les Oulémas sont les docteurs de la loi coranique, soit les « savants » de l’Islam), plus haute autorité religieuse du pays après le Roi. Celui-ci a attiré l’attention de la mission sur la nécessité d’apprécier l’Islam dans le contexte de chaque pays et de la difficulté de comparer – ou de faire des amalgames – entre l’Islam de France et celui du Maroc.
Le point d’orgue de ce déplacement a été la visite de l’Institut Mohammed VI, qui est un campus universitaire complet visant à la formation des imams. Inauguré par le Roi du Maroc en mars 2015, celui-ci forme actuellement près de 1200 futurs imams, hommes et femmes, des imams marocains mais aussi des jeunes venus d’Afrique noire tels le Mali, la Côte d’Ivoire….
Il est à noter que pour la première fois cette année, l’Institut reçoit également une trentaine d’étudiants français.
Deux cursus sont possibles : une formation dite « initiale » sur 3 années ou une formation dite « continue » sur une plus courte durée (3 mois) pour des imams ou aumôniers déjà en exercice.
Les étudiants que nous avons rencontrés ont évoqué la grande qualité de leurs enseignements, leur apportant une ouverture d’esprit et développant des valeurs de tolérance et de respect, loin de l’Islam véhiculé par les djihadistes qui croient apprendre l’Islam via internet. C’est un « Islam du juste milieu » qui leur est transmis.
Avec cette formation, le Maroc souhaite permettre à des « pays amis » de bénéficier de son expertise en matière de formation des cadres religieux.
*Mission d’information sur l’organisation, la place et le financement de l’Islam en France et de ses lieux de culte.
André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin