Cette semaine, dans le cadre d’un débat sur l’avenir de l’Union européenne, je suis intervenu longuement en séance publique. Il s’agissait de réagir au discours prononcé par le Président Macron à la Sorbonne le 26 septembre dernier.
« Emmanuel Macron a réussi son pari puisque les propositions françaises alimentent largement le débat sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler la refondation de l’Europe, sans toutefois que le cadre proposé par le Chef de l’Etat fasse consensus ».
Tout en partageant un certain nombre de ses préconisations, je considère que « le projet présenté par le Président de la République laisse perplexe ». « En premier lieu parce que, même s’il s’en défend, il s’agit bel et bien d’un mouvement vers une Europe fédérale, dont la France aurait vocation à prendre la tête. Si au soir du 7 mai, les Français ont clairement rejeté la voie menant au démantèlement de l’Union européenne, ils n’ont pas pour autant plébiscité cette Europe fédérale prônée Emmanuel Macron. »
« Ce n’est pas en multipliant les instances supranationales que l’Europe sera nécessairement plus efficace ou mieux acceptée. Son salut ne réside pas forcément dans la mutualisation systématique, mais plutôt dans l’articulation intelligente des principes de solidarité et de responsabilité au service d’objectifs communs. Car le fait national, celui des peuples et des Etats, reste le creuset fondamental de la souveraineté, de la légitimité politique et donc de l’exercice de la démocratie. »
« Nous devons également repenser la répartition des compétences entre l’Union et les Etats. L’Union doit se concentrer sur un « socle commun » constitué de ses compétences exclusives, du marché unique et des secteurs fondamentaux pour sa compétitivité et sa stabilité futures, comme par exemple la défense, les frontières extérieures, la recherche, le numérique, l’énergie, les grandes infrastructures de transport et de communication ou encore la lutte contre l’optimisation et l’évasion fiscales. »
« L’Union européenne du XXIème siècle ne pourra également se bâtir que si elle se montre capable de mieux protéger ses citoyens, tant les évolutions du monde contemporain sont autant de défis à notre mode de vie, à nos valeurs et à notre sécurité. »
Cinq axes de protection doivent être déclinés :
1/ Les frontières : « L’exigence de contrôle de notre espace n’a jamais été aussi forte. Nous devons donc assurer la pleine maîtrise de nos frontières extérieures. La montée en puissance du corps européen de garde-côtes et de garde-frontières est à ce titre indispensable. Je reste toutefois attaché au fait que son intervention reste conditionnée à l’accord des Etats membres concernés. »
2/ La défense : « Les Européens doivent d’urgence recouvrer l’autonomie stratégique qu’ils ont déléguée aux Etats-Unis » … « Notre ambition doit être de rééquilibrer la coopération euro-atlantique en rapprochant en Europe nos visions stratégiques globales. »
3/ Le renforcement de la zone euro : « Il est nécessaire de progresser sur la voie de la convergence fiscale et sociale, sans pour autant procéder à une uniformisation complète. »
4/ La défense de nos intérêts dans la mondialisation : « La conclusion des accords commerciaux devrait en premier lieu être réellement soumise au principe de réciprocité. Pour protéger son modèle, l’Europe devrait par ailleurs mettre en place des taxes anti-dumping contre les biens, services et capitaux ne respectant pas les normes internationales de base et adopter des sanctions fermes à l’encontre des pays contrefaisant massivement des produits européens. »
5/ Aplanir les distorsions du marché intérieur : « La directive sur le détachement des travailleurs doit d’urgence être révisée en profondeur. »
André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin