Le Sénat a examiné cette semaine un projet de loi relatif à la création de la Banque Publique d’Investissement (BPI). Ce projet de loi répond à l’engagement du Président de la République de faire de la BPI la pierre angulaire du développement économique de notre pays, avec les régions pour chefs de file.
J’ai exposé, lors de la discussion générale du texte, mes réflexions quant à l’intérêt de cette BPI.
« La question de fond est de savoir ce qu’apportera réellement la BPI en plus de ce qui existe déjà. Son principe fondateur a quelque chose de particulièrement simpliste, car il repose sur la proposition suivante : créer un guichet unique avec des équipes de développeurs à l’international et, surtout, des chargés d’affaires polyvalents permettant de réaliser un diagnostic sommaire des besoins de l’entreprise afin d’identifier avec elle les produits distribués par la BPI qui pourraient le mieux répondre à ses besoins, qu’il s’agisse d’un prêt, d’une prise de participation par l’entrée en capital d’un fonds ou de quasi-fonds propres, entre autres. »
J’ai souligné qu’aujourd’hui, on était déjà capable de réaliser ce diagnostic et d’identifier les produits d’OSEO, du capital investissement régional ou national et d’accompagner les entreprises à l’export. C’est là la plus-value des agents des régions, des agences de développement économique qui sont nombreuses et des chambres de commerce et d’industrie par exemple.
« Si la BPI se résume à ce guichet unique, elle ne changera, à mon sens, pas grand-chose à la situation actuelle. Pis, on peut penser que, si ce sont les équipes d’OSEO qui deviennent les interlocuteurs des entreprises, elles perdront en efficacité, car une part importante de leur temps sera passée à analyser des dossiers en lieu et place d’autres acteurs qui le font déjà. »
Enfin, j’ai remarqué qu’il était peu probable, car une telle mesure serait déraisonnable, que la mise en place de la BPI s’accompagne de créations de postes : on peut donc présager que cette réforme viendra augmenter les temps d’attente et se révélera donc contre-productive.
Selon moi, la BPI peut tout de même représenter un progrès, mais à certaines conditions que j’ai détaillées et qui ne sont pas présentes dans le texte tel qu’il a été adopté par le Sénat. Il s’est donc opposé à ce texte.
André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin