Antiterrorisme à l’américaine

Andre Rreichardt photo-michel-frison-dna

Je reviens d’un voyage aux États-Unis avec plusieurs membres de la commission d’enquête du Sénat sur la lutte contre les réseaux djihadistes, dont je suis coprésident.

Voici l’interview que j’ai accordée aux Dernières Nouvelles d’Alsace :

 

Quels enseignements tirez-vous de ce déplacement ?

Les Américains ont, dans la lutte contre le terrorisme, une antériorité sur nous : ils restent obnubilés par le 11-Septembre. En quinze ans, ils ont travaillé. Nous avons été frappés par l’extrême professionnalisation de la lutte contre le terrorisme et le souci de la concilier avec le premier amendement de leur Constitution – sur les libertés publiques.

Comment se manifeste ce souci d’équilibre ?

Les autorités que nous avons rencontrées à Washington, au Centre national de lutte contre le terrorisme, au Congrès, à la CIA – où nous avons été reçus par le directeur, John Brennan – au FBI, etc. nous ont toutes décrit le rôle essentiel du juge pour autoriser au préalable toute intervention. La forme est respectée, l’esprit l’est-il ?

Vous parliez d’extrême professionnalisation ?

Quelques exemples. La surveillance des sites sensibles d’Internet est faite par une armada de spécialistes. Ils ont des fichiers sur tout – notamment ethniques – et les croisent. Leurs services travaillent par task-forces, pour éviter tout cloisonnement, toute compétition.

Comment repèrent-ils les personnes tentées par le djihadisme ?

Ils entretiennent un dialogue avec les communautés – et le communautarisme est normal à leurs yeux. Quand il y a risque de radicalisation, ils mettent les dirigeants de la communauté face à leurs responsabilités. Et ça marche, disent-ils. Les parlementaires que nous avons vus le disent crûment, par exemple Pete King (républicain, New York) qui préside le sous-comité sur le terrorisme : « À la communauté musulmane, je dis : vous êtes surveillés. Rien ne vous sera pardonné. Si vous bougez une oreille, je m’en occupe ! »

Et par rapport aux prisons ?

Ils condamnent très lourdement et isolent les terroristes, sans état d’âme, dans des pénitenciers fédéraux spéciaux, sous contrôle très strict. « C’est un cancer », nous ont-ils dit. « Il n’y aura pas de récidive, nous ont-ils dit, puisqu’ils ne sortent pas ! » Ils en ont 330, sur plus de 2 millions de détenus, mais les surveillent comme le lait sur le feu.

Comment réagissent-ils si des jeunes partent faire le djihad à l’étranger ?

S’ils partent, ils ne rentrent plus jamais aux États-Unis. Un avion qui les aurait à son bord ne peut même pas les survoler ! Ils ne comprennent pas notre politique pour les empêcher de partir.

Et ceux qui veulent agir sur le sol américain ?

On nous a donné des exemples. Une personne qui se radicalise, quand sa communauté ne peut rien faire, va être surveillée. On apprend ses éventuels projets d’attentat, on l’y pousse même. Et quand elle prend sa voiture pour commettre l’attentat, on l’arrête ! Elle n’a rien fait, mais elle allait le faire !

On évoque souvent le Patriot Act – la loi antiterroriste de 2001 – comme liberticide…

Nous avons rencontré l’un des deux parlementaires qui avaient voté contre, le sénateur démocrate du Connecticut, Christopher Murphy. Il nous a dit : « Le Patriot Act a évité des attentats ».

Tout cela n’est pas transposable ?

La société n’est pas la même, la communauté musulmane non plus. En France, impossible de tenir le même discours face à des communautés. Tout n’est pas transposable. Mais j’ai constaté l’efficacité de leur façon de faire, et je constate que rares sont ceux qui pensent là-bas que cela est préjudiciable aux libertés publiques.

 

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin

Débat préalable à la réunion du Conseil européen

EuropeMercredi 4 février s’est tenu au Sénat un débat préalable à la réunion du Conseil européen des 12 et 13 février prochains, qui portera sur la lutte contre le terrorisme.

Je suis intervenu dans ce débat en qualité de représentant du groupe UMP. A ce titre, j’ai assuré que le groupe UMP souhaitait contribuer à l’unité nationale dans la lutte contre le terrorisme et entretenir un dialogue constructif avec le Gouvernement.

J’ai insisté sur l’importance d’une coordination européenne contre le terrorisme : « L’Europe, à défaut d’avoir une véritable politique étrangère et une défense qui lui soit propre, doit à mon sens, sur un sujet aussi crucial, imaginer et impulser des stratégies et sortir de sa posture traditionnelle, qui est de produire de la règlementation ou, pire, de bloquer des règlementations, sur la base d’un angélisme, qui ici n’est pas de mise… ».

J’ai par la suite indiqué diverses propositions, tels l’harmonisation au plan européen des questions liées au droit d’asile et le contrôle renforcé aux frontières extérieures de l’espace Schengen.

« S’agissant du contrôle des frontières intérieures des États membres, sans envisager le retour à des contrôles systématiques, il conviendrait de donner plus de latitude aux États membres pour effectuer des contrôles ponctuels en cas de menace pour l’ordre public ».

J’ai conclu en insistant sur la nécessité d’un engagement fort de la France et de l’Europe dans la lutte contre ce fléau mondial du XXIème siècle.

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin

Terrorisme et djihadisme : il y a une prise de conscience de la gravité de la situation

Après cette exceptionnelle mobilisation à Strasbourg, à Paris et dans toute le pays, que faire maintenant pour combattre le terrorisme et assurer la liberté ?

Je me félicite de l’importance de la mobilisation des Français contre le terrorisme et pour les libertés, il y a eu une prise de conscience de la gravité de la situation. J’ai participé hier à la grande manifestation de Strasbourg, à peine rentré de Turquie où j’étais en déplacement une semaine en tant que vice président de la commission d’enquête parlementaire sur les réseaux djihadistes. J’ai notamment visité un des endroits où les passeurs font entrer les djihadistes en Syrie. Plus de 300 personnes y sont passées cette année.Tout le monde ne combat pas, certains reviennent même parce qu’ils n’ont pas combattu. Des gens qui rentrent assez facilement en France. Est-ce qu’ils ont reçu des instructions pour mener des attentats sur le territoire français? On ne sait pas….

logo France BleuMon témoignage et quelques éléments de réponse dans une interview à France Bleu :

André REICHARDT élu vice-président de la commission d’enquête sur les réseaux djihadistes

J’ai été élu, ce mercredi 22 octobre 2014, Vice-Président de la commission d’enquête sur l’organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe. Je me félicite de cette élection.

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin

Lutte contre le terrorisme : j’interroge le Gouvernement


André Reichardt, Sénateur du Bas-Rhin… par Groupeumpsenat
J’ai interpellé jeudi le Ministre de l’Intérieur, M. Manuel Valls, sur la politique gouvernementale de lutte contre le terrorisme, et plus particulièrement sur l’outil de propagande, de radicalisation et de recrutement qu’est devenu Internet.

« Quelles sont aujourd’hui les orientations du gouvernement quant à la politique à mener en ce qui concerne la prolifération et le contrôle de certains réseaux Internet par les groupuscules terroristes ? » a-t-il demandé. « Et quels sont les moyens qui pourraient être mis en œuvre pour limiter les actions de ces groupuscules? »

Manuel Valls s’est dit conscient que la lutte contre le terrorisme devait toujours s’adapter, celui-ci ayant souvent un train d’avance sur la loi, et a mentionné devoir « dialoguer davantage avec les Américains » dont les conceptions sur ces questions diffèrent des nôtres en raison de leur premier amendement.

Selon moi, « la lutte contre le terrorisme, dont nous devons faire une priorité nationale, doit être dotée de moyens suffisants. Tout ce qui peut être fait pour mieux contrôler les flux sur internet doit l’être. »

André REICHARDT, Sénateur du Bas-Rhin